lundi 30 juin 2008

On prend les mêmes et on recommence

Dernières nouvelles de la réforme du CNRS:

Demain matin 9hr, nouveau CA au siège du CNRS. Le nouveau plan stratégique prend en considération le maintien de toutes les disciplines au CNRS à égalité de traitement, la responsabilité entière de la direction de l’organisme dans la création de toute nouvelle structure et la répartition de leurs moyens, la constitution de conseils scientifiques composés pour partie d’élus, la mission de coordination avec des établissements partenaires du même champ disciplinaire.

En ce qui me concerne, je trouve celà plutôt positif mais le problème est qu'on cherche où est la réforme... Il est vrai que les délais de ré-écriture ont été brefs, et on peut se demander quel est la raison d'une telle précipitation.

Cela dit, je ne sais pas si l'appel à manifester sera autant suivi que le précédent. En ce qui me concerne, c'est tout vu, je suis en purification, je ne peux pas me libérer dans un délai aussi court, sauf à perdre une semaine de boulot. Et là, franchement, c'est non. De plus, je ne suis pas vraiment convaincue par le mot d'ordre, qui ratisse un peu trop large. Dans un premier temps, acceptons le nouveau schéma stratégique, dans un second temps battons nous pour des budgets et des salaires décents.

PS: ceci est une réaction à chaud, j'avoue avoir lu un peu en diagonale les arguments des syndicats et de SLR, mais aujourd'hui je suis victime du timer ...

vendredi 27 juin 2008

Manipulation

Appelons le Léon1. Léon est jeune enseignant chercheur, chef d’équipe dans notre institut. Sa production scientifique, n’est disons, pas tout à fait à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre de quelqu’un ayant bénéficié de gros soutiens financiers, d’un post-doctorant pendant 3 ans, d’un doctorant sur une bourse flêchée par l’école doctorale, et d’une décharge d’un demi-service d’enseignement pendant deux ans. Cependant, nous savons tous nous « jeunes » scientifiques (enfin jeunes selon les nouveaux critères, ce qui ne fait pas de nous des trentenaires…) qu’il arrive que les projets ne démarrent pas comme on le pensait, que nous ne sommes pas à l’abri de périodes difficiles, et que finalement même si c’est dur à entendre nos pairs considèrent que nous aurions dû mieux faire.
Il se trouve que Léon, outre ses activités d’enseignant chercheur est également militant très engagé dans la lutte contre certaines espèces que d’aucuns vont faucher au son des mégaphones2.
Ce qui est son droit le plus strict et ne regarde que lui.
Il se trouve également que Léon est un collègue un peu difficile à cotoyer, pratiquant trop l’invective et l’injure dans les discussions pour lier des amitiés indéfectibles dans son environnement professionnel.
Il se trouve enfin que l’équipe de direction de notre institut, et particulièrement la direction actuelle, n’est pas non plus du genre à faire dans la dentelle au niveau relationnel.

Prenez toutes ces constatations, secouez bien fort, et vous obtiendrez une situation explosive à souhait. Depuis maintenant 2 ans, Léon est en conflit ouvert avec l’institut. Après de nombreux épisodes, la future équipe de direction (en préparation du quadriennal) a signifié à Léon qu’il devrait se trouver un nouveau point d’accueil dans un laboratoire de l’université, mais que, non merci, il ne ferait plus partie de l’institut à partir du 1er janvier 2010.


Après ce long préambule, venons en aux faits que je souhaite aborder ici.

Léon a de nombreux relais politiques, et a donc lancé une grande offensive médiatique, où il se présente en victime de ses opinions et engagements militants, qui conduisent à son éviction de l’institut. Nous avons régulièrement des buzz, sur le thème. Un certain nombre de journaux se sont fendus d’articles dont le niveau était quelque peu affligeant en terme de contre-enquète. Le pompon dans cette catégorie est revenu à Libé, journal que je lisais depuis plus de 30 ans (c’est fini je ne le lis plus), puisqu’à la suite d’un article sur le sujet je me suis vue censurer un commentaire qui pointait quelques erreurs dans les faits présentés. J’avais alors adressé un courriel à la journaliste, pour m’étonner de ces pratiques éditoriales…. J’attends toujours une réponse de sa part. Dont acte, j’ai rayé Libé de mes lectures matutinales.

Cerise sur le gâteau, nous avons eu cette semaine une grande manifestation de soutien (environ une centaine de personne) à la cause de Léon. Toute la fine fleur de mouvements anti-vous savez quoi, et la présence du Grand Gourou himself s’il vous plait !
La première victime collatérale de ce rassemblement a été le parterre de fleurs devant le bâtiment… Les secondes victimes ont été des étudiants passant un examen dans la salle de conférence. Mais, je cite, "une manifestation c’est fait pour gêner les autres"… Vu sous cet angle, effectivement…
Une réunion a finalement eu lieu avec des représentants des deux parties. Pendant près de 3 heures, tous les points conflictuels ont été discutés, sereinement selon plusieurs de mes taupes. Le debriefing du côté manifestants a été édifiant, les membres du conseil scientifique qui étaient présents, se demandant si finalement ils avaient bien passé 3 heures à discuter avec les mêmes personnes. Et je laisserai de côté les attaques personnelles injurieuses dont certains ont été la cible.

Je suis atterrée de l’agressivité de ces personnes, de leur absolue partialité, des méthodes qu’ils emploient et du mépris qu’ils ont de la liberté de pensée. Vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous êtes l’ennemi, à la solde du grand capital, dépourvu de courage. Ils ont raison, probablement parce qu’ils parlent plus fort que vous. Ils vous disent ne pas tout comprendre du fonctionnement (administratif) de la recherche, mais lorsque vous tentez de leur expliquer pourquoi certaines de leurs affirmations sont totalement fantaisistes3, leur réponse est "c’est vous qui le dîtes". Vous leur proposez de voir des documents officiels appuyant vos propos, et vous vous entendez répondre "ce n’est pas la peine".

Non, la démocratie ne consiste pas à demander en permanence son avis à tout le monde. N’en déplaise à certains, le vote des citoyens définit une majorité et une minorité. C’est la majorité qui décide. C’est comme çà, même si la majorité n’a pas les mêmes opinions que l’individu Léon ou Roberta.
La prise de pouvoir collective, les commissaires politiques et tout le reste, tout cela on le connaît, çà s’appelle la dictature du prolétariat. Et moi quand j’entends dictature, je ne supporte pas.


1je ne dérogerai pas aux règles d’anonymat ayant cours ici.
2ne soyez pas trop surpris par le style, je tiens juste à éviter que certains mots clés tapés dans google ne dirigent sur cette page.
3à titre d’exemple des inepties colportées, j’ai relevé "la confiscation de la totalité de [ses] reliquats de crédits pour 2008 et 2009". Trop fort l’ami Léon, il sait déjà en juin 2008 qu’il aura des reliquats de crédit (attribués en mars 2009) qui lui seront confisqués en décembre 2009 ! Sans compter qu’avec la mise en application de la LOLF fin 2006, la possibilité de report budgétaire a disparu…

jeudi 26 juin 2008

Interlude

Panne totale d'ADSL sur la rive droite de la Mérantaise, et beaucoup d'évènements perturbants sur la rive gauche, me réduisent momentanément au silence.
Soyez patients, la situation devrait s'améliorer très prochainement.

jeudi 19 juin 2008

On n'est pas fatigués

Et voilà, c'est reparti comme en 2004...
Ce matin donc, j'ai revêtu ma panoplie de chercheur en colère pour aller avec un bon millier de mes collègues bloquer la tenue du CA du CNRS.
Tout surpris d'être autant à une heure aussi matinale, et assurés que le CA ne se réunirait pas, il fut décider d'aller dire bonjour à la ministre, qui c'est pas de chance, était en fait à Singapour (enfin je crois, elle voyage beaucoup cette dame).
C'est donc fort sagement que nous avons pris le métro jusqu'à Odéon (en faisant la queue pour acheter des billets, on ne se refait pas...), où par un prompt renfort nous étions bien plus que dans les jardins du CNRS.
Petite manifestation improvisée qui n'a pas stressé outre mesure la maréchaussée, mais qui a tout de même mis sérieusement le bazar dans le quartier latin.
Nous avons donc tenté de rejoindre le ministère (là haut sur la montagne Ste Geneviève), mais les bonnes choses ayant une fin, nous sommes finalement tombés sur un gisement de CRS qui empêchaient l'accès au ministère.
Après de longs moments passés à attendre que quelqu'un du ministère daigne répondre au téléphone, nous avons finalement appris que nous ne serions pas reçus, peut être demain mais rien de sur... C'est dire comme on fait peur sous les lambris.
Nous avons donc terminé la matinée en faisant le tour de la montagne Ste Geneviève, puis avons finalement rejoint la place Jussieu où la manifestation s'est dispersée.
J'ai ainsi eu l'occasion de voir le grand chantier qu'est devenu la fac qui m'a vue grandir. C'est plus qu'impressionnant, je vous laisse juger de l'état de la tour centrale (tout en haut, ce qui est reconstruit).
Je pense que nous aurons très bientôt de nouvelles occasions de nous promener dans les rues, car le gag de la journée c'est que l'ordre du jour du CA annulé, sera représenté au prochain CA...

Réforme du CNRS : le torchon brûle

Comme je le signalais le 21 mai, notre ministre a donc décidé seule et rendu public son choix quant à la réforme du CNRS. Les orientations et choix stratégiques qu’elle entend imposer à notre maison, ont déclenché une nouvelle vague de fronde dans un milieu plutôt calme en général, et préférant toujours s’occuper de science que de battre le pavé.

Petit retour sur les faits.

Une lettre de mission du 27 février 2008 demandait à la direction du CNRS de réfléchir à une réforme de la maison et de faire des propositions explorant la possibilité de créer des Instituts Nationaux.
Phase de consultation du personnel ouverte par la direction, avec possibilité de contribuer sur un site dédié (édifiant au demeurant : la plupart des propositions visant à dire ou démontrer qu’il ne faut rien changer). Dans la lettre adressée au personnel, la direction stipulait que :
L’objectif de la concertation est d’aboutir à des propositions concrètes, à partir de principes clairs et partagés, afin de finaliser le Plan stratégique du CNRS « Horizon 2020 » et de le faire adopter, après accord de la Tutelle, au conseil d’administration du 19 juin 2008.

Le 14 mai, le Conseil Scientifique (CS) du CNRS appelé à se prononcer sur le projet de réforme proposé par la direction, émettait la recommandation suivante votée à l’unanimité :
Future organisation du CNRS

Le Conseil Scientifique a été informé par la gouvernance du CNRS des projets de réorganisation du CNRS.
Dans le cas de la création d’instituts, le Conseil scientifique recommande instamment que les conditions suivantes soient respectées:
- que la politique scientifique du CNRS soit placée sous la responsabilité de la direction du CNRS s’appuyant sur l’avis du Conseil scientifique;
- que les moyens financiers et humains soient attribués et arbitrés au niveau de la direction générale;
- que les directeurs des instituts soient nommés par la gouvernance du CNRS;
- que ces instituts soient nationaux pour assurer une couverture et une coordination nationales dans leur champ disciplinaire en concertation avec les autres organismes concernés.

Par ailleurs, le Conseil scientifique recommande :
- qu’un rééquilibrage intervienne entre les moyens attribués à l’ANR et ceux attribués au CNRS afin que celui-ci puisse assurer sa mission de recherche sur le long terme;
- qu’un plan pluriannuel des emplois soit mis en œuvre.

Destinataires : Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur ; Présidente et Directeur général du CNRS ; Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPEST).

Avis du Conseil : 19 votants (19 Oui, 0 Non, 0 abstention )

En d’autres termes, le CS renvoyait la copie à l’expéditeur pour qu’elle soit revue. Petite parenthèse de rapide présentation du CS : Le conseil scientifique, placé auprès du CNRS, est une instance de conseil qui intervient en matière de politique générale, de structures et de personnel de l’établissement. (plus de détails sur sa mission ici. Il est composé de 30 membres, dont 11 sont élus par les personnels propres du CNRS et ceux qui hors CNRS sont présents dans des UMR, les 19 autres membres (dont 8 personnalités étrangères) étant nommés par le ministre de tutelle. Bref, un conseil pas vraiment à la solde des syndicats si prompts à déclencher la hire du gouvernement.

Ce vote ruinant quelque peu les plans préparés au ministère allait précipiter les évènements.

Faisant fi de la procédure toujours en cours, notre ministre (la Tutelle) annonçait dans le Monde daté du 20 mai, SA réforme du CNRS, rendant caduque le processus de concertation et la réflexion sur la réforme qui étaient engagés. Le bras de fer était engagé.
Catherine Bréchignac, dont la marge de manœuvre se trouve extrêmement réduite, se fendit d’un article dans Libération.

Néanmoins, les travaux permettant d’enteriner la réforme annoncée continuaient, et le CS était de nouveau saisi pour donner son avis, le 11 juin. Cette fois ci il refusait de voter:

Sujet : Plan stratégique du CNRS

Le Conseil scientifique du CNRS a pris connaissance de la version du 6 Juin 2008 du projet de plan stratégique. C’est un projet qui engage l’avenir de la recherche française.

Le Conseil scientifique a décidé de ne pas voter sur le projet de texte pour les raisons suivantes:

- mise en cause de l’autonomie nécessaire de l’organisme pour définir sa stratégie scientifique et son organisation interne;
- identification d’un certain nombre d’incohérences et de contradictions fondamentales entre différentes sections du texte;
- non prise en compte des recommandations exprimées lors du Conseil scientifique du 14 mai;
- absence de précision sur le concept d’institut.

Le Conseil scientifique du CNRS demande qu’une nouvelle version du plan stratégique lui soit soumise tenant compte des points ci-dessus et de l’ensemble de ses recommandations, incluant:
- que la politique scientifique du CNRS soit placée sous la responsabilité de la direction du CNRS s’appuyant sur l’avis du Conseil scientifique;
- que les moyens financiers et humains soient attribués et arbitrés au niveau de la direction générale;
- que les directeurs des instituts soient nommés par la gouvernance du CNRS;
- que ces instituts soient nationaux pour assurer une couverture et une coordination nationales dans leur champ disciplinaire en concertation avec les autres organismes concernés;
- que toutes les disciplines soient maintenues au CNRS;
- que chaque groupe de disciplines soit reconnu par des statuts équivalents tels qu’un institut national;
- que, selon les dispositions du décret d’organisation du CNRS de 1982, les instituts soient créés par le CNRS.

Destinataires : Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, Gouvernance du CNRS.

Avis du Conseil: 18 votants (17 Oui, 0 Non, 1 abstention)

Et histoire d’être vraiment clair, le CS a émis la motion suivante:

Sujet : Point d’étape sur la politique du CNRS sur les instituts nationaux

Le Conseil scientifique a pris connaissance avec stupéfaction du document intitulé « Point d’étape sur la politique du CNRS sur les instituts nationaux » du 6 juin 2008 placé sur son espace de travail, sans d’ailleurs qu’aucune indication ne soit donnée sur l’origine ni sur le statut de ce texte.
Il estime que l’approche de l’organisation du CNRS véhiculée par ce texte, qui tend à opposer les communautés scientifiques au sein du CNRS les unes contre les autres, est déstructurante et dangereuse et refuse catégoriquement de le considérer comme un document de travail.

Avis du Conseil : 14 votants (12 Oui, 0 Non, 2 abstentions)

Le CS a de nouveau été réuni d’urgence lundi 16 mai pour enfin se décider à répondre OUI à la question qui lui est posée avec insistance depuis un mois. A l’heure où j’écris, je n’ai pas d’information sur cette réunion, bien que selon SLR, le CS ait voté contre le plan stratégique (7 pour, 10 contre, 1 abst.)

Malgré ces déboires à répétition, le Conseil d’Administration devant entériner le plan stratégique est prévu aujourd’hui 19 juin. La réponse des chercheurs à ce désir de passage en force, est de tout faire pour bloquer la tenue du CA.

Voilà pourquoi, ce matin je retourne battre le pavé parisien. Je n’ai guère d’illusions sur nos chances d’infléchir le mouvement, nous n’avons aucun pouvoir de nuisance, et sommes des personnes trop bien éduquées pour semer la panique dans les beaux quartiers. De plus, quand on voit les effectifs policiers qui ont récemment été mobilisés, j’en viens même à douter que nous pourrons nous approcher du siège. Mais il ne sera pas dit que je n’aurai pas été solidaire du Conseil Scientifique et de ses prises de positions, ni même que le sort du CNRS ne me concerne plus.

vendredi 13 juin 2008

Communiquer

C'est ce qui semble être de plus en plus le nerf de la guerre...
Coté chercheurs, en général ce n'est pas top. Mais là, je salue l'imagination de mes confrères.
Malheureusement, il ne semble pas y avoir eu trop de relais média. Ce n'est pas grave, c'est un début, il faut perséverer!

Désinformation

Quelle ne fut pas ma surprise ce matin en découvrant l’article de l’Express intitulé «Universités : les meilleurs labos». Bien entendu, il m’a immédiatemment semblé essentiel de regarder de plus près ce classement des unités classées A+ selon le ministère, et relayé par l’Institut Montaigne, particulièrement connu pour son impartialité et ses compétences à juger la qualité de la recherche en France. Institut Montaigne qui s’est empressé de transmettre ce document confidentiel au news-magasine… Une fois de plus, on verra le talent journalistique qui consiste à diffuser une telle information sans réelle contre-enquète.

Quelle est la validité d’un tel classement ? Disons que les laboratoires y apparaissant sont très certainement classés dans le haut de la pyramide… Le seul léger problème est que certains (tous ? j’avoue ne pas avoir le temps pour vérifier de manière exhaustive) ne sont pas des laboratoires universitaires, mais des UMR université-CNRS. J’ai bien entendu regardé attentivement les résultats pour le pôle «Biologie, médecine, santé». Il se trouve que je connais particulièrement bien trois laboratoires classés (et je confirme qu’il s’agit d’excellents laboratoires, tous trois UMR). J’ai commencé à hurler dans la cuisine1, en voyant les effectifs d’enseignants chercheurs affichés. Histoire de ne pas dire n’importe quoi, je suis allée vérifier les données sur les sites web respectifs de ces trois laboratoires. Voilà les résultats de cette rapide contre-enquète :

LEBS : source express : 20 enseignants chercheurs (dont 19 publiants) ; source laboratoire : 18 CNRS, 1 INSERM, 1 MCF Paris 6, 1 Pr Paris 11, soit 2 enseignants chercheurs (de deux universités différentes)

LMGM : source express : 26 enseignants chercheurs (dont 18 publiants) ; source laboratoire : 13 enseignants chercheurs UPS, 15 CNRS

LBME : source Express : 22 enseignants chercheurs (dont 20 publiants); source laboratoire : 6 enseignants chercheurs UPS, 2 INSERM, 16 CNRS.

Que voit-on immédiatement ? C’est que plus le nombre d’enseignants chercheurs est élevé, plus le ratio de publiants diminue …. C’est normal, nos collègues EC ne sont pas moins bon que les CNRS, ils ont simplement moins de temps à consacrer à la recherche.

Moralité, l’excellence des laboratoires universitaires est strictement liée à leur labélisation UMR et à la quantité de chercheurs présents dans la structure.

Le plus fort dans la catégorie désinformation revient cependant au pôle «agronomie, production animales et végétales, agroalimentaire», puisqu’un des laboratoires attribué à l’université Paris-11, l’ISV, est en fait une UPR (soit une unité propre CNRS !!!), où la majorité des enseignants chercheurs qui y travaillent sont de l’université Paris-7.

A votre avis, que se passera-t’il quand le CNRS ne sera plus qu’un souvenir, et que les universités seront seules responsables de la recherche ?…


1 oui, je lisais cet article en prenant mon petit déjeuner, grave erreur !

maj: je réalise que j'use de l'acronyme comme si tout un chacun connaissait les laboratoires dont je parle. Donc pour clarifier:
LEBS: Laboratoire d'Enzymologie et Biochimie Structurales (UMR CNRS-Paris 11)
LMGM: Laboratoire de Microbiologie et Génétique Moléculaire (UMR CNRS-Toulouse 3)
LBME: Laboratoire de Biologie Moléculaire Eucaryote (UMR CNRS-Toulouse 3)
ISV: Institut des Sciences du Végétal (UPR CNRS)


mercredi 4 juin 2008

AERES mode d’emploi

Nous sommes donc dans la dernière ligne droite du dossier de contractualisation à remettre à l’AERES.
Finalement, les consignes pour la vague D sont très simples1…. Chaque équipe dispose d’une page pour donner sa composition, faire le bilan des avancées majeures des quatre années passées, lister ses publications triées selon les critères suivant (je copie colle):

ACL: Articles dans des revues internationales ou nationales avec comité de lecture répertoriées dans les bases de données internationales (ISI Web of Knowledge, Google Scholar, Harzing Publish or Perish, Pub Med…)
Le facteur d’impact de la revue pourra être indiqué, en précisant la source de données utilisée.
ACLN: Articles dans des revues avec comité de lecture non répertoriées dans des bases de données internationales.
ASCL: Articles dans des revues sans comité de lecture,
INV: Conférences données à l’invitation du Comité d’organisation dans un congrès national ou international.
ACT: Communications avec actes dans un congrès international ou national
COM: Communications orales sans actes dans un congrès international ou national
AFF: Communications par affiche dans un congrès international ou national
OS: Ouvrages scientifiques (ou chapitres de ces ouvrages)
OV: Ouvrages de vulgarisation (ou chapitres de ces ouvrages)
DO: Directions d’ouvrages
AP: Autres publications
TH: Thèses soutenues

Et c'est tout !
Pas de bilan un peu plus détaillé, pas d’évaluation des équipes, pas d’évaluation des chercheurs et enseignant-chercheurs. On se demande bien d’ailleurs pourquoi nous avons dû renseigner la fiche individuelle, puisqu’elle ne sera pas utilisée pour l’évaluation. Et surtout, pas de projet scientifique pour le quadriennal suivant. Pas d’évaluation de la pertinence des sujets proposés. Nous sommes nombreux à penser que si cette partie est totalement omise, c’est parce que ce sera l’ANR, via l’attribution de ses financements, qui se chargera de cette évaluation. Autrement dit, dans quatre ans, l’AERES validera la pertinence des choix de l’ANR en comptant les publications obtenues dans le cadre des contrats. La boucle est bouclée.

Bref, je ne vois pas trop l’intérêt de déplacer un comité d’évaluation dans ces conditions. Ils n’ont qu’à nous donner un accès en ligne qui nous permette de remplir directement le tableau Excel™ que l’AERES ne manquera pas d’établir en bilan de notre activité passée, et qui sera utilisé pour nous attribuer une note (A, B ou C). Cette note sera ensuite transmise à nos instances de tutelle qui décideront d’en tenir compte ou pas pour définir nos budgets.
Car la grande nouvelle est bien celle ci, l’AERES ne juge pas, elle évalue. Elle n’émet pas de recommandation (bienveillante ou désobligeante), elle donne une note point barre. Franchement, je trouve qu’ils sont bien nombreux à l’AERES pour ne faire ni plus ni moins qu’un boulot comptable.


1 : je passe les tonnes de tableaux à compléter, la partie admistrative du dossier est de loin la plus conséquente.