jeudi 29 mai 2008

Rouge total, le retour

Entre les concours MCF, les corrections d'un article qui sont urgentissimes, la préparation d'un séminaire pour une grand'messe sur le campus (lundi, pas commencé...), et la lecture d'une thèse (pas commencée non plus..) quasi pour demain, on ne peut pas dire que j'ai le temps de m'ennuyer.

Il vous faudra donc être patients, et attendre que la situation se calme un peu.

Je reviendrai très bientôt sur la révolution qui est en train de secouer le CNRS, ou tout du moins un quart du CNRS, à savoir la disparition programmée des Sciences du Vivant de cette vénérable institution. Dire que le moral des troupes est au plus bas relève quelque peu de l'euphémisme.

dimanche 25 mai 2008

Petit poème en prose

Ce matin, m'attendaient sur la table du petit déjeuner, un gros bouquet de fleurs, et une carte décorée avec amour par le gnome.

Vraiment, une très jolie carte, où l'on peut mesurer l'effort de coloriage choix de couleur harmonieux, bref, le genre de carte qui fait fondre le coeur d'une mère. Je vous laisse juge:

Ouvrant cette carte, j'ai pu lire un (tout) petit poème copié avec application, qui ne pouvait qu’embuer les yeux d’une mère,


L’enthousiasme avec lequel le Gnome avait ajouté sa touche personnelle, ce « C’est vrai ! » allait presque déclencher une minute lacrymale, lorsque refermant la carte, je découvris la quatrième de couverture….
Et là, plus de larmes, mais un grand blanc (non, je rève…) se terminant dans un éclat de rire….
L’âme de poète de mon fils suit parfois des curieux chemins d’expression



Le dessin est barré, car les copains du Gnome lui ont dit que çà ne me ferai pas plaisir…. Disons que le texte est1 ... surprenant pour une fête des mères. Je l’ai assuré du contraire (en évitant de trop glousser quand même)…

A coté de cette œuvre, le collier de nouilles hein….

1: je ne sais pas s'il est lisible.

jeudi 22 mai 2008

Fitness

Contrairement à ce que j'avais annoncé, j'ai repris Gipsy aujourd'hui (oui elle a un nom, y a pas de raison). Retour en arrière:

Rive gauche:
Pour cause de grève (transports, écoles, etc) mon séminaire a été annulé à la dernière minute, ce qui m'a bien arrangé vu que je n'avais pas commencé terminé ma présentation...

Rive droite:
Baloo: demain si tu veux, je te déposerai au labo (comprendre, j'ai besoin de la voiture)
Moi: ah oui, il y a grève.... mais c'est inutile, j'irai bosser à bicyclette...
Baloo: t'es sure? (comprendre, tu te souviens comme c'était dur lundi)
Moi: oui, ce n'est vraiment pas un problème (comprendre, je saurai bien te rappeler ce sacrifice un jour où l'on ressortira les affaires classées...), surtout que je pense arriver à changer de plateau maintenant que j'ai compris les problèmes de tension de chaîne (vachement moins compliqué que le point de croix, comprenne qui pourra...)


Donc, ce matin, re-sport (je m'étonnerai toujours...). Petit bilan de cette deuxième tentative:
  • Bien qu'il fasse moins chaud que lundi et que je me sois moins couverte, j'ai encore eu trop chaud.
  • Le plateau intermédiaire est bien plus adapté au trajet que le petit.
  • J'ai changé de parcours sur le campus, et n'ai plus que 300 mètres avec voiture.
  • J'ai réussi à monter une petite côte (que j'avais évité lundi), mais de nouveau calé dans la dernière. Pour me motiver, j'ai remarqué que j'avais dû faire 50 cm de plus que lors de ma première tentative (on ne rit pas).
  • Je n'étais pas en apnée en arrivant devant le bâtiment.

Moralité: je recommence demain!!

mercredi 21 mai 2008

De profundis

Le département des Sciences du Vivant du CNRS est bien condamné à mort. Des rumeurs un peu déprimantes tournaient depuis le fameux « discours d’Orsay », alimentées entre autres par les prémices de restructuration pilotées par la direction en place au CNRS.

Ceux qui espéraient malgré tous ces indices, peuvent ranger leurs espoirs.

En effet, ceux qui lisent Le Monde, auront pu découvrir en avant-première dans le journal daté du 20 mai que le département des Sciences du Vivant du CNRS était rayé de la carte avec (pour faire bonne mesure) celui d’Informatique.

Sur la forme : le titre de l’article en dit long sur la concertation vue du côté gouvernemental.

Sur la méthode : je suis réellement choquée qu’un ministre se permette d’annoncer 3 jours avant dans un journal (oui, le Monde daté du 20 est sorti le 19..) le contenu d’une réforme qui doit être discutée lors du CA du CNRS du 22 mai (c’est à dire demain).

Sur le fond : les personnels des Sciences du Vivant du CNRS ne sont donc pas performants, une fois de plus, çà fait toujours plaisir de l’apprendre dans le journal… Notre département représente 23% des personnels CNRS, une paille… Dorénavant, nous dépendrons de l’INSERM, ou de l’INRA ou du CEA (ce n’est pas très clair). On peut facilement comprendre ce qui nous est demandé : faire en sorte de faire entrer nos thématiques de recherche dans les cases sus-nommées. En ce qui me concerne, je suis très perplexe… (et pourtant, j’ai une imagination assez féconde en général).

Dommages collatéraux : comment écrit-on un projet de contractualisation quadriennale quand notre organisme de tutelle est voué à disparaître à très brève échéance ?
Que va devenir le recrutement des chercheurs en SDV ? Post-docs, vous avez maintenant des signaux très forts de votre pays d’origine, vous encourageant soit à partir en biomédical soit à franchir le pas et vous installer définitivement à l’étranger….

mardi 20 mai 2008

Pédale douce

En dépit des commentaires sarcastiques du Piou, et conformément à mes engagements, je suis donc allée au boulot en vélo… hier.

Première constatation, quand on prend son vélo pour une ballade, on est tranquille. Quand on va bosser, il ne faut pas que le temps de trajet devienne délirant, donc on fonce. Et là on maudit les blondasses qui joggent avec leur copine en occupant toute la largeur du chemin (et qui n’envisagent pas du tout de se rabattre pour laisser un passage) ou celles qui n’ont pas trouvé de copine, et sont donc avec leur clébard pas en laisse… Et le chien, c’est atavique, il voit un vélo, il se précipite dessus.

Deuxième constatation, quand on habite sur les berges de la Mérantaise, et que l’on travaille sur la colline, forcément à un moment on rencontre une cote. Et là, malgré mes 21 vitesses réparties sur 3 plateaux, j’ai du mettre pied à terre et pousser les 15 kg de cycle (plus les 3 kgs dans le sac à dos). Et oui, la technologie ne suffit pas, il faut également un minimum de condition physique pour monter une cote. A l’arrivée, plus de souffle (penser à la bonne résolution de début d’année), et très très TRES chaud…J’aurai bien aimé pouvoir prendre une douche… mais à moins d’utiliser les systèmes anti-incendie, ce n’est pas possible. Donc, moyen niveau confort personnel.

Troisième constatation, la descente c’est plus cool… j’ai gagné 5 minutes sur le trajet retour. Cela dit, le retour m’a également permis de réaliser que je ne sais pas changer de plateau…moralité, beaucoup de roue libre, je pourrai être bien plus performante si seulement je comprenais comment çà fonctionne. Appel à mes lecteurs : qui peut m’expliquer sur quelle vitesse il faut se placer pour pouvoir changer de plateau sans que la chaine saute ????

Aujourd’hui et demain, voiture. J’ai des impératifs Gnomesques incompatibles avec la petite reine. Jeudi, je donne un séminaire donc on oublie également le vélo…. Je ferai donc une deuxième tentative vendredi, ce qui vous laisse largement le temps de me donner des conseils techniques, non ?

lundi 19 mai 2008

Palais de la découverte

Il semblerait que le Palais de la Découverte soit menacé de fermeture... Je n'ai pas eu le temps de vérifier plus cette information relayée par ma baby-boomeuse de frangine (et quand il s'agit de pétitionner, cette génération est hyper réactive!), mais bon..

J'ai des souvenirs d'enfance et d'adolescence fabuleux liés au Palais (et oui, à l'époque la cité des Sciences n'existait pas), que ce soit le Planétarium, la loterie génétique, les salles d'expériences d'optique, etc...

Il y a quelques années, nous avions emmené le padawan voir l'exposition sur les dinosaures qui était vraiment géniale.

J'espère que le Gnome pourra également découvrir ce lieu magique, et donc du coup, j'ai ajouté ma signature à la pétition. Si cela vous tente, c'est ici.

samedi 17 mai 2008

Mon nouveau joujou

Voilà ce que j'ai acheté aujourd'hui:



Bon, une partie est mon cadeau de fête des mères, car le modèle choisi était un peu plus cher que le budget que je voulais consacrer à l'achat d'un cycle...
Mais vu mon grand âge, les arguments relatifs au confort ont eu raison de mon porte-monnaie...
Cela dit, je suis restée raisonnable, il y a beaucoup plus cher!

Lundi, je me transformerai en éco-citoyenne, et j'irai bosser à bicyclette...

vendredi 16 mai 2008

Grand Oral

Les résultats sont tombés ; vous êtes sélectionné pour passer l’audition du concours au poste de maitre de conférence.
Cette fois ci je dois être dans les temps pour vous donner deux ou trois conseils pour cet oral de tous les dangers.
Tout d’abord, précisons que ce qui est vrai pour un recrutement en biologie, peut être totalement à coté de la plaque pour d’autres disciplines. Une fois de plus, je ne m’engage que sur ce que je pratique… Néanmoins, certains de ces conseils sont de pur bon sens (mais toujours bon à rappeler…) et devraient convenir au plus grand nombre.

Vous avez donc été sélectionné, et savez où, quand et à quelle heure vous devez passer l’audition.
Si vous arrivez de l’étranger (ou de l’autre bout de la France), demandez vous si vous pourrez être à l’heure (horaires trains, avions…). Il n’y a aucune honte à demander au président de la commission de changer l’horaire de votre audition pour ce type de raison. La commission où je siège est en général très conciliante sur ce point.

Vous devez maintenant impérativement contacter le laboratoire d’accueil et le correspondant enseignement. Il faut vous manifester. Si possible, essayez d’obtenir un rendez-vous pour rencontrer ces personnes, ou avoir un entretien téléphonique avec eux.
Vous devez également vous pencher sérieusement sur la bibliographie du projet de recherche, en commençant par les papiers du laboratoire d’accueil cela va sans dire !

Si cela n’a pas été précisé, demandez au président de la commission le temps imparti à la présentation, et le type de support utilisé. Si les « slide show » sont autorisés, pensez néanmoins à prévoir des transparents (quitte à avoir une version un peu différente des dias pour cause de lisibilité…). On n’est jamais à l’abri d’une panne, et parler sans aucun support un jour de concours est plus que déstabilisant.

Partons du principe que vous aurez 10 minutes de présentation, et 10 min de questions (ce que nous pratiquons). Oui, je sais il est délirant de jouer son avenir en 20 minutes, mais cette règle s’applique aussi à vos concurrents…

Règle n°1 : Il ne faut pas dépasser le temps imparti. C’est une partie de l’exercice… Ce qui veut dire que vous devez avoir répété, chronométré, qu’il n’y a aucune place pour l’improvisation. D’expérience, je pense qu’écrire un texte est une bonne solution MAIS il faut arriver à dépasser le « par cœur » et donner l’impression que l’expression est naturelle. Il faut donc faire très attention à l’interprétation !

Règle n°2 : Vous candidatez pour être enseignant, et l’oral permet de mesurer vos qualités de communication. Quand vous parlez, regardez la salle (le fond de préférence, cela vous obligera à lever la tête, et chacun aura l’impression que vous vous adressez à lui). Surtout, ne parlez pas à l’écran (c’est détestable, et en général on n’entend rien !). Pensez également au volume de votre voix, mais ne hurlez pas pour autant ! N’oubliez pas la gestuelle : obligez vous lors des répétitions à pointer sur le support, à vous repositionner face au public etc. Attention aux tics gestuels ou de langage. Oui c’est dur, mais répéter est la clé de l’aisance. Si vous utilisez des transparents, évitez ceux qui ont la feuille papier collée (ou alors, décollez avant l’audition !).

Règle n°3 : 10 minutes pour parler de son parcours, et proposer un projet de recherche c’est très court, très très court. Surtout si vous avez déjà deux post-docs derrière vous (de plus en plus le cas ces derniers temps). Il faut donc faire des choix, et laisser de coté ce qui n’est pas essentiel ni pertinent par rapport au poste, tout en l’ayant mentionné…. La quadrature du cercle en quelque sorte. La préparation des supports visuels est donc de la plus haute importance. Il est totalement déraisonnable d’avoir plus de 10 slides, ou que tout soit écrit en caractères minuscules (donc illisibles…). Une bonne solution est de commencer par un type « CV » : thèse / labos/ mots clé et post-doc / labo/ mots clés en précisant oralement (si nécessaire) ce dont vous ne parlerez pas. Attention, ne pas parler d’une partie de votre travail ne signifie pas que vous n’aurez pas de questions dessus… donc prévoir des visuels supplémentaires au cas où ! Evitez les CV commençant au bac…. Si vous avez une thèse, on se doute bien que vous avez eu le bac (et le DEUG, etc…). Il faut également un visuel pour l’enseignement (si vous avez déjà pratiqué), à mon avis à placer au début. Si vous n’avez jamais enseigné, profitez du visuel de conclusion pour montrer en quoi votre expérience professionnelle passée vous permettra de vous insérer dans les enseignements.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour cette épreuve.
May the force be with you.


mardi 13 mai 2008

week end chargé

Un week end de trois jours, il faut bien le remplir....
Chez nous, nous avons choisi de vider. Le meilleur sans aucun doute était celui là:

Egalement au tableau de chasse, un champagne de petit producteur pas mal du tout, et un rosé pour voir.
Personnellement, je ne suis pas fan de rosé. Faute d'avoir trouvé celui qui fait se pâmer le Piou, nous avons goûté le "suivez moi jeune homme" (Domaine des Annibals) recommandé par le caviste.
Je n'ai pas changé d'opinion....
En revanche, j'aurai aimé que le St Estèphe ne fut pas orphelin....

samedi 10 mai 2008

Mes stats à moi

Ne reculant devant aucun sacrifice, j'ai fait une analyse des résultats aux concours des postes MCF relevant de la commission où je sévis(sais).

De 2004 à 2007, nous avons attribué 18 postes. Sachant que l'on classe en général de 4 à 5 personnes, nous avons classé 15 locaux sur un total de 77 (soit 19,5%). Sur ces 18 postes, 6 sont revenus à des candidats locaux selon nos critères (et pas ceux du ministère).
Petit rappel, pour le ministère est un candidat local celui qui a obtenu son doctorat dans l'université qui le recrute. Pour nous, est candidat local toute personne étant présente dans le laboratoire au moment de son recrutement (comprendre post-doc dans le labo d'accueil).
Voila, on est donc à 33% (beaucoup moins si l'on applique la définition ministérielle).

Surtout, les résultats sont très variables d'une année à l'autre. Une année à 5 postes, aura vu l'élimination de 4 candidats locaux. Une autre année (toujours à 5 postes), aura vu 3 locaux recrutés.


vendredi 9 mai 2008

Pandanlag

Il y a des jours où franchement j'enverrai bien tout péter.
Des jours où je me dis que les nuits écourtées, les journées à rallonge, les week-end à bosser, sont du temps de perdu.

Des jours d'abattement,
Des jours de découragement.
Des jours sans, autrement dit.

Des jours comme aujourd'hui...


Note à moi même: ne jamais poser de question dont on ignore la réponse.

mercredi 7 mai 2008

Le localisme fléau du recrutement universitaire ?

Je rebondis sur les commentaires de mon billet précédents qui font état d’un article paru dans le Monde du 2 mai, et intitulé :
« La cooptation des universitaires est mise en cause »

Dire que j’ai un peu de problèmes avec les journalistes parlant de science ou d’institution scientifiques est un euphémisme. Je ne me suis donc pas contentée de lire la prose de la journaliste qui sentait un peu trop le sensionnalisme à mon goût :
« A l'université, on recrute entre soi »
« Toutes universités et disciplines confondues, les candidats locaux ont dix-huit fois plus de chances que les candidats extérieurs d'obtenir un poste »

Il est clair qu’en lisant cela on se dit que pour être recruté il vaut mieux rester sur place….

Comme le rapport sur lequel est basé l’article en question est librement téléchargeable sur le net, j’en ai entrepris la lecture…. édifiante.

Certes, je ne suis pas sociologue, et peut être quelque chose m’a-t’il échappé dans la démarche des auteurs. Mais quand même, je suis assez étonnée des conclusions tirées au regard des valeurs de départ. Quant au traitement que fait la journaliste de cette information, comme toujours, c’est dans la dentelle…

Reprenons. Les auteurs de l’étude commencent fort mal à mes yeux, puisque la citation en exergue de leur étude n’est pas attribuée au bon auteur. Passons, ce n’est pas le propos.
Lorsque je lis (c’est moi qui grasse)
« Dans un premier temps, nous montrerons que les données statistiques habituelles ne permettent pas de mesurer complètement le phénomène. La mesure du différentiel de taux de succès n’est pas simple et nécessite des hypothèses d’approximation. On essaiera de donner une évaluation approximative du localisme pour les docteurs ayant soutenu entre 1972 et 1996 à partir d’une base de données originale, la base des thèses soutenues en France. Une fois acceptées nos hypothèses d’approximation, il apparaît que les candidats locaux sont très nettement favorisés dans le monde académique français. »

je coince un peu, car je comprends « les données statistiques utilisées ne nous permettent pas de démontrer notre postulat de départ, qui est que les universités pratiquent fortement l’endogamie. Nous appliquons donc des approximations qui vont réconcilier les données disponibles avec nos a priori ». Mais je dois faire du mauvais esprit…

Justement ces données, d’où sortent-elles et que disent-elles?
La source, c’est le ministère qui depuis 2002 publie une étude sur l’origine des enseignants-chercheurs recrutés (PR et MCF). J’ai poussé la conscience professionnelle jusqu’à télécharger et lire l’étude 2007.
Les auteurs eux ont compilé les données de 2002 à 2007, toutes disciplines et toutes universités confondues. Résultat (je ne parlerai pas des concours PR) :
30% des nouveaux maitres de conférence sont recrutés dans l’université dans laquelle ils ont soutenu leur thèse. Bon, on tourne à 1/3 d’endogamie (au sens très large), franchement il n’y a pas de quoi hurler au scandale, et surtout on est très très loin du 18 fois plus de chance pour des locaux annoncé par la journaliste...
Les auteurs de l’étude ne sont pas stupides, ils voient bien qu’avec ces valeurs le scandale de l’endogamie n’est pas près d’éclater. Qu’à cela ne tienne, ils vont émettre des hypothèses d’approximation. En d’autres termes, ils décident que ces données ne sont pas significatives, et qu’il faut leur appliquer un traitement supplémentaire. Ainsi, 7 hypothèses d’approximation vont être appliquées aux données. En conclusion de ce travail, on peut lire (je grasse):
« Notre estimation manque de précision et souffre de la fragilité de certaines de nos hypothèses sur la structuration de la concurrence et sur l’identification des recrutements. (…)Le taux de recrutement local « attendu » de 8% que nous avons estimé sur nos données ne doit pas être très différent de celui que nous pourrions calculer si nous disposions des données sur les candidatures et les recrutements au poste de maîtres de conférences au cours des six dernières années. Il peut être mis en regard avec le taux constaté de 30% entre 2002 et 2005 qui lui est 5 fois supérieur (au sens de l’odds ratio). »

Je suis ravie de voir que les auteurs reconnaissent la fragilité de certaines de leurs hypothèses mais surprise de constater que cela ne les gène pas pour valider leur méthode.

Surtout, je ne trouve toujours pas les 18 fois plus de chance au recrutement local annoncé dans l’article du Monde…mais peut être ai-je raté une marche ?

Ne reculant devant aucun sacrifice, j’ai ensuite regardé de plus près les valeurs 2007 fournies par le ministère, et le traitement qui a été réalisé. Vu l’heure tardive, je me suis limitée aux données concernant l’Ile-de-France. Que constate -t’on ? Que la situation est variable selon les disciplines, les Lettres arrivant en tête dans le recrutement local (au sens large), suivies du Droit puis des Sciences.

Reprenons. Nous avons trois disciplines (Lettres, Droit, Science) et trois catégories de recrutement : Doctorat de la même université (intra), Doctorat obtenu en IDF, Doctorat obtenu hors IDF (j’y ait ajouté les diplomes obtenus à l’étranger pour simplifier). L’endogamie au sens strict serait le % de recrutement de Docteurs de la même université, et au sens large de Docteurs de l’IDF. Rappelons au passage, que la région IDF comporte trois rectorats, et 13 universités, ce qui à mes yeux réduit un peu la portée de l’endogamie au sens large… (en sciences on compte 5 ou 6 universités – j’ai un doute sur Paris 12 ?).
Roulement de tambours, voici les valeurs :

Sciences : Intra, 23%, IDF, 39%, hors IDF, 38%, soit endogamie stricte de 23%, large de 62%
Droit : Intra, 38%, IDF, 40%, hors IDF, 22%, soit endogamie stricte de 38%, large de 78%
Lettres : Intra, 35%, IDF, 47%, hors IDF, 18%, soit endogamie stricte de 35%, large de 82%

Donc, candidats scientifiques à un poste de MCF, ne stressez pas trop, le jeu est assez ouvert ! En revanche, les juristes et les littéraires sont plus à plaindre… Tiens au fait, la sociologie se range dans quelle catégorie ?

PS1 : je tiens à disposition de qui veut se faire sa propre opinion les fichiers pdf des documents que j’ai lu pour ce billet (et franchement, je ne le referrai pas tous les jours…)
PS2: En fait, ce qui me fait sourire, c'est que pour moi un candidat local n'est pas un candidat qui a un doctorat de l'université qui le recrute, mais un candidat qui est déjà dans le laboratoire qui va accueillir le poste.... mais là j'ai peur que les données statistiques permettant l'analyse ne soient pas disponibles....

mardi 6 mai 2008

Conseils de dernière minute aux candidats au poste de Maître de Conférence

Tous les ans, c’est la même histoire. Je peste contre 80% des dossiers de candidature que j’ai à évaluer. Je ne sais pas si certains d’entre vous ont ou vont candidater au poste de Maitre de Conférences, ni même s’il est encore temps. Dans le doute voici quelques conseils de Roberta pour monter un dossier, conseils qui à mon humble avis resteront valables pour les nouvelles procédures de recrutement.

Sachez d’abord que la procédure de recrutement à l’université n’est pas la même que celle appliquée au CNRS. La différence majeure est que le candidat doit correspondre au profil du poste ouvert au concours, tant au niveau recherche qu’au niveau enseignement. La première tache de la commission de spécialistes (qui va disparaître avec l’application de la LRU) est de sélectionner un certain nombre de dossiers parmi tous ceux reçus. Seuls les candidats retenus seront convoqués pour audition. Il est donc de la plus haute importance de ne pas négliger le dossier de candidature afin de pouvoir passer la première étape. Il est également important de convaincre votre (ou vos) rapporteurs que votre candidature est sérieuse, afin qu’ils se battent pour vous. Faciliter le travail du rapporteur est donc de la plus haute importance.

Conseil n°1 : N’oubliez pas que vous candidatez pour être enseignant. Votre dossier doit donc impérativement comporter une section consacrée à l’enseignement.
Soit vous n’avez aucune expérience d’enseignement dans votre parcours, et il vous faudra donc expliciter votre choix et les raisons pour lesquelles vous n’avez jamais enseigné. Dans ce cas, vous veillerez à avoir un dossier particulièrement didactique pour mettre en valeur vos qualités de communication et de transmission des connaissances. Le plus important est de ne pas faire l’autruche.
Soit vous avez déjà enseigné, et vous devez indiquer le nombre d’heures, les matières enseignées et sous quelle forme, le public concerné par l’enseignement.
Dans tous les cas, vous devrez mettre en valeur l’adéquation entre le profil du poste et votre expérience (que vos acquis soient sur votre formation initiale, votre expérience de recherche ou vos activités d’enseignement passées).

Conseil n°2 : N’oubliez pas que vous candidatez aussi pour être chercheur. Il est à mon avis inutile d’envoyer un dossier pour un poste sur lequel vous n’avez aucune aptitude de recherche. Autant il est possible de convaincre que l’on a les qualités nécessaires à l’enseignement (et sur dossier et à l’oral), autant il est quasi certain que votre dossier ne sera pas retenu si vos activités de recherche ne correspondent pas au profil publié. La sentence « hors profil » est sans appel, même avec un dossier de publication à rendre jaloux les membres de la commission. La raison majeure de ce couperet est que vous consacrerez beaucoup de temps à l’enseignement (surtout la ou les premières années) et que la commission veille donc à ce que vous soyez opérationnel sur la partie recherche. Quand on connaît les conséquences d’une absence de publication prolongée sur une carrière, ce critère est loin d’être injuste ou déraisonnable. Pensez en revanche à argumenter votre adéquation au profil recherché (techniques maitrisées, connaissances générales, etc). En général, avant sélection pour l’oral vous n’aurez pas contacté le labo d’accueil. Avoir fait une biblio rapidee et proposer quelques pistes de recherche utilisant vos compétences est pour moi un atout ; n’en faites pas trop cependant, les génies des alpages ont tendance à irriter les rapporteurs plutôt que les convaincre. L’objectif est de montrer que vous vous interessez au poste auquel vous candidatez, pas que vous allez prendre la direction du labo.

Conseil n° 3 : Tout doit se justifier, les rapporteurs ne sont pas extra-lucides. Le rapporteur de votre dossier sera votre porte-parole devant la commission. Vous devez donc tout faire pour lui fournir les arguments qu’il pourra utiliser. Vous devez également faire en sorte qu’il ne passe pas 10 heures sur votre dossier pour reconstruire votre histoire. Soyez concis, pertinent, didactique.
Un post-doctorat sans publication ? Il faut argumenter, il y a toujours une raison (le labo concurrent vous a scoopé, vous n’avez obtenu que des résultats négatifs dont on sait bien qu’ils sont plus délicats à publier,..).
Un changement radical de thématique ? C’est à mes yeux un atout, mais je ne veux pas en faire une généralité. En revanche, expliquez la raison de votre choix (quitte à ré-écrire l’histoire, Dumas l’a fait avant vous !), afin de ne pas donner l’impression que vous avez pris ce qui se présentait mais que vous aviez bien un projet derrière la tête.

Conseil n°4 : N’envoyez pas un dossier de plus de 20 pages, il y a peu de chances que votre rapporteur le lise in extenso. Cela dit, évitez de tomber dans l’excès inverse du CV développé en quatre pages. Veillez également à ne pas utiliser du Arial 10 en interligne simple pour votre manuscript. La moyenne d’age des membres des commissions est plus proche des 50s que des 20s !


J’espère que ces conseils tardifs seront malgré tout utiles, et souhaite bonne chance à tous les candidats en lice pour la campagne de recrutement 2008….